Les océans séquestrent 0.6% de nos émissions de Co2 annuelles.

Après avoir écrit un article sur les forêts, passons désormais sur un autre sujet de fantasme et d’utopie : les océans.
Nous allons essayer d'apporter une réponse à la question suivante :

  • Est-ce que les océans sont la nouvelle solution pour capter le surplus de Co2 émis par l'Homme ?

Rappel du rôle des océans

Nous avons souvent tendance à sous-estimer le rôle des océans pour une raison simple : nous ne voyons pas directement ce qu'il s'y passe.

Les océans abritent pas moins de 80 % de toute la vie dans le monde. L'océan est donc un réservoir de carbone, estimé à 16 fois plus conséquent que le réservoir terrestre. C'est dire. Comprendre ce qu'il s'y passe est primordial quand on s'intéresse aux équilibres terrestres du Co2.

Dans les réservoirs marins, il y a par exemple les phytoplanctons qui sont à la base de la chaîne alimentaire de beaucoup d'espèces maritimes. Comme pour les arbres, les phytoplanctons sont un énorme stock du carbone vivant. Et comme pour les arbres, le plancton est un stock de carbone et non un aspirateur de carbone. La distinction est très importante. Donc si la quantité de phytoplancton diminue, le Co2 dans l'eau augmente !

Qu'en est-il du stock de carbone dans les océans ?

Selon cet article dans Nature, la quantité de phytoplancton aurait diminué de 40% depuis l'ère industrielle et continue de décroître (environ 1% par an). En d'autres mots, le phytoplancton ne joue plus son rôle pour stocker le carbone et serait donc un émetteur de carbone ! Moins il y a d'espèce marines, moins ce carbone est stocké dans les espèces vivantes.

Si vous avez regardé des documentaires comme SeaSpiracy sur Netflix, vous devriez être légèrement inquiets.

Mais les océans absorbent du Co2, non ?

Techniquement, oui.
L'océan échange en permanence du dioxyde de carbone avec l'atmosphère afin de trouver un équilibre. Ainis, plus le taux de Co2 dans l'air est élevé, plus les océans absorbent de Co2 pour trouver un nouvel équilibre. Cette absorption n'est pas sans conséquence : les équilibres marins se modifient, en devenant plus acides et en se réchauffant plus rapidement en surface... ce qui ralentit les échanges entre les eaux profondes plus froides et riches en sels nutritifs.

Si le Co2 dans les océans venait à augmenter encore, il s'en suivrait une diminution de la photosynthèse et de la vie marine.

Et la séquestration dans tout ça ?

Les océans ne séquestrent pas du Co2...enfin, presque pas !

En effet, lorsque certains animaux marins meurent naturellement, leurs carcassent se déposent au fin fonds des océans et séquestrent du carbone. Alors, oui, les océans jouent un rôle pour séquestrer durablement le carbone des océans et de l'atmosphère...mais nous ne sommes pas sauvés pour autant !

Selon une étude, lorsqu'une baleine meurt naturellement, elle séquestre 33 tonnes de Co2. Avec 100.000 baleines en vie dans le monde et une durée de vie de 100 ans, 1000 baleines finissent au fond des océans tous les ans (lorsqu'elles ne finissent pas dans les assiettes japonaises).
Pour mettre les choses en perspective, tous les ans, 33000 tonnes de Co2 sont captées durablement dans les fonds marins grâce aux baleines. Cela représente 0.04% des émissions émises par tous les français. Tout de suite un peu moins impressionnant non ?

Au total, les baleines et tous les autres animaux marins réunis, chaque année 0.2 Gt de carbone se déposent dans les fonds marins. Ce chiffre représente 0.6% du carbone émis par l'Homme. Autant dire : presque rien.

Conclusion

Nous arrivons souvent à la même conclusion : les espaces naturels comme les forêts ou les océans sont déterminants pour préserver la biodiversité et la vie sur Terre. S'il faut tout faire pour les protéger, ce ne sont pas des solutions pour absorber massivement du Co2 et régler l'enjeu climatique.

La seule solution est de décarboner nos modes de vie.